LA VIE, LE CORPS, L'ART, COMPLICES
LA VIE, LE CORPS, L'ART, COMPLICES

LA VIE, LE CORPS, L'ART, COMPLICES

  • De : Yoko ONO, Arnulf RAINER, Gerry SCHUM, Klaus Rinke, Marina ABRAMOVIC, Nan HOOVER, ULAY, Bruce NAUMAN, Bruce NAUMAN, Gino DE DOMINICIS
  • Durée : 02H00
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Gino DE DOMINICIS<b>, Videotape Cette œuvre majeure d’une figure clef de l’arte povera, intitulée « bande vidéo », montre une jeune femme qui fait irruption dans le champs de la caméra et demande si il s’agit bien de la vidéo de De Dominicis. Hors champ, une voix masculine le lui confirme et peu de temps après, la femme commente : "Je ne vois que des gens qui me regardent", faisant référence aux spectateurs de la vidéo. Videotape se prête à une réflexion sur l’éternité, thème cher à l’artiste italien qui confronte ici passé, présent et futur. Yoko ONO, FOUR et ONE FOUR est le plus connu des seize films réalisés par Yoko Ono entre 1966 et 1972. L’artiste japonaise associée au groupe Fluxus y isole le motif du derrière. Les fesses de plusieurs modèles se succèdent ainsi à l’écran en plan rapproché, alors qu’un unique et idiomatique texte enjoint à avoir recours « aux derrières à la place des signatures de pétition pour la paix ». Aussi politique que poétique ce film s’inscrit dans la ligne des autres œuvres et performances de Yoko Ono, dans lesquelles le corps devient instrument du discours. Dans ONE, le corps est très discret; deux doigts de l’artiste tiennent puis frottent une allumette qui s’enflamme et se consume. L’action de craquer l’allumette est captée au ralenti. La caméra en décompose le mouvement, alors que l’extinction de la flamme, filmée en vitesse réelle, accentue la fragilité du motif. Arnulf RAINER, Mouth Piece Dans Mouth Piece, l’artiste autrichien Arnulf Rainer déforme son visage de ses mains et grimace tout en se dévisageant sur un écran placé sous la caméra. Il observe son mouvement, l’étudie et fait l’expérience de son visage. Alors qu’aucun son ne sort de sa bouche, l’artiste s’exprime par ses expressions faciales. Gerry SCHUM, Identifications Dans la série de films Identifications, initialement diffusée à la télévision allemande, le galeriste et producteur Gerry Schum rassemble plusieurs films et vidéos d’artistes. Pour sa contribution à ce programme, l’artiste allemand Reiner Ruthenbeck froisse hors champ des feuilles de papier qu’il jette devant la caméra, formant peu-à-peu une pile étrange semblable à une sculpture minimale. Klaus Rinke, artiste allemand proche de l’art conceptuel et de l’art minimal, se filme en plan large en train de renverser un tonneau rempli d’eau en direction de la caméra, et donc des spectateurs. L’eau coule sur le sol pendant 50 secondes, recouvrant par là même la surface de l’écran avant d’atteindre son bord, créant, chez le spectateur, une attente et un sentiment d’urgence et d’impuissance. Dans cette œuvre très contemplative, le duo britannique Gilbert & George se met en scène, adossé au pied d’un arbre dans la forêt. Le cadrage, la composition et l’atmosphère de cette unique séquence font écho à la peinture de genre (Le déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet) autant qu’ils questionnent son régime d’image : s’agit-il d’une image fixe ou en mouvement ? Soudain, un des deux hommes fume une cigarette, interrompant l’illusion de fixité de la composition. Marina ABRAMOVIC, Rythm 5 L’artiste serbe Marina Abramovic place au centre de ses performances la tension entre abandon et maîtrise, entre vulnérabilité et pleine conscience. Connue pour explorer fréquemment les limites physiques et mentales de son propre corps, l’artiste l'utilise tant comme médium que comme sujet. Dans Rythm 5, elle s’allonge au centre d’une structure en bois en forme d’étoile peu à peu mise à feu. La fumée générée par le feu l’étouffe et lui fait perdre connaissance. Une prise de risque caractéristique du travail d’Abramovic. Nan HOOVER, Close Up Dans Close Up (plan rapproché), l’artiste américaine Nan Hoover se concentre sur le motif de l’œil : la caméra scrute la pupille, les cils, les paupières, et la peau de l’artiste. Cet œil filmé en gros plan est mouvant. Il s’ouvre, se ferme, et croise parfois le regard du spectateur. L’œil est observé par la lentille de la caméra mais ne semble pas voir lui-même, ni regarder. Contrairement à l’œil-caméra, il n’est pas orienté et ne porte pas de point de vue. ULAY, FOTOTOT (Exchange of Identity) En 1976, l’artiste allemand Ulay développe dans sa pratique la notion de Fototot (mort photographique). Cette performance qui inaugure la série éponyme le voit faire face à la foule, encapuchonné et masqué, vêtu d’une tenue blanche qui le rend méconnaissable. Il demande à un spectateur de se tenir devant un drap blanc qu’il prend en photo avec un Polaroid, développé en direct et accroché sur le drap. Le flash de l’appareil réduit la silhouette à une forme blanche spectrale, qui acte la mort photographique de la figure. Par cette performance, Ulay interroge les différents régimes d’image et explore les relations entre auteur et spectateur, entre spectacle vivant et photographie. Bruce NAUMAN, Dance Exercise on the Perimeter of a Square Cette performance est l'une des plus connues de l’artiste américain Bruce Nauman, pionnier de l’art conceptuel et de l’art minimal. Ici, Nauman dessine un carré sur le sol de son atelier avec du ruban adhésif puis arpente sur la pointe des pieds chacun des côtés de cette surface suivant le rythme d’un métronome, avançant une jambe puis l’autre à chaque pulsion. À intervalles réguliers, Nauman change de sens, répétant inlassablement ce mouvement chorégraphié, sisyphien, faisant écho tant aux réflexions formelles et géométriques de la sculpture minimaliste qu’aux rythmiques de la danse classique. < Bruce NAUMAN, Pinch neck Plusieurs vidéos de Bruce Nauman le voient manipuler sa chair ou son corps. Ici, il pince la peau de sa gorge, de ses joues et de sa mâchoire. Le cadrage de l’œuvre en plan rapproché sur le bas de son visage et sa pomme d’Adam isole le geste de Nauman sur son propre corps dont il se sert pour proposer une forme d’art visuel distincte du spectacle vivant.